Au cœur d'un langage chorégraphique
Stéphanie s’amuse du contraste. En rien elle ne renie ses racines. Au contraire, avec une formation solide de ballet classique, de danse contemporaine, de danse modern-jazz et influencée par ses expériences en hip-hop, Stéphanie joue avec les différentes technicités de corps et s’alimente des acquis du danseur.
En mouvement constant, infime, même à l’arrêt, les corps chez Stéphanie Decourteille explorent l’opposition. Entre tension et contre-tension, entre étirement et compression, la dynamique de mêler et démêler les chemins corporels est omniprésente. Pour elle, chaque interprète possède un centre de gravité situé autour du nombril. À partir de cela, la jeune chorégraphe va chercher à le déplacer constamment dans tout le corps pour découvrir de nouvelles sensations, de nouvelles gestuelles et des textures de mouvements encore inexplorées.
Stéphanie Decourteille recherche par la complexité de sa démarche, une apparente facilité d’exécution. Aller à l’encontre du corps quotidien et de son mouvement, jouer sur l’anti-naturel tout en ayant pour défi de rendre cette démarche naturelle,… Là sont les objectifs qui l’animent et la conduisent à signer un langage chorégraphique fait de nuances, de fluidité, de courbes et de rondeurs, de jeux sur les dynamiques et les différents axes d’alignement corporel, de travail de relation intense au sol et de transfert de poids, d’abandon et de lâcher-prise malgré une tenue et un maintien de l’axe vertical du corps, de dissociation des différents segments du corps tout en conservant un souffle perpétuel, ou encore et enfin, de changement rapide entre une dynamique aérienne et une dynamique terrienne… Elle avouera même aimer que le spectateur ait la sensation que la gestuelle soit en perpétuelle progression, malgré l’inévitable travail exigeant et minutieux pré-requis, nécessitant de la part de l’interprète une endurance et une technicité indéniables.
Pour affiner son dessin chorégraphique, Stéphanie éprouve en permanence le besoin de pousser le corps à son extrême et même de rajouter des facteurs extérieurs qui vont venir altérer les réactions du corps et ainsi influencer la création de la gestuelle. En constante mutation et redéfinition, sa gestuelle ne sera alors jamais figée, et rarement à court d’inspiration.
Dans son solo Vertiges, par exemple, Stéphanie fait d’une corde son alliée de scène. Jouant avec elle, la faisant à la fois ennemie et meilleure amie, l’interprète et chorégraphe approfondit perpétuellement le travail sur le déséquilibre, sur notre relation d’humain à la gravité, sur la gestion de l’espace avec la contrainte d’un accessoire, sur la définition d’une interprétation à la fois sensible et fougueuse, fragile et puissante. Aller au-delà du corps, tester les limites de nos capacités corporelles, soutenir et consolider la force mentale et la force physique humaines, là sont les quêtes de Stéphanie. Selon elle, c’est dans l’abus de contraintes et la recherche de multiples sensations, que la pureté tant désirée par elle peut émaner, avoir toute sa place, tout son sens.